Rolland Garros, vedette des circuits aériens avant la 1ère guerre mondiale, fut le 1er à traverser la Méditerranée et à expérimenter le système de tir à travers le champ de l'hélice.
Né le 6 octobre 1888 à st Denis de la Réunion, Rolland Garro
passa une partie de son enfance à Saïgon, avant de regagner la métropole en 1900.
Souffrant de tuberculose, il dut partir pour Cannes, où sa santé s'améliorant
il s'adonna avec fougue à de nombreux sports, dans lesquels il excella.
Il revient ensuite à Paris, pour achever ses études secondaires, et après
avoir obtenu son bac de philo au lycée Janson-de-Sailly, il suivit les cours
d'HEC.
Romantique, Rolland Garros adorait la musique. Sa nature exaltée et passionnée trouva bientôt un exutoire dans l'aviation naissante, pour
laquelle il manifesta un véritable enthousiasme.
Ayant monté un commerce d'automobiles, avenue de la grande armée,
Garros put bientôt acheter pour la somme de 7500 frs, une "demoiselle"
Santos Dumont, qu'il voulut essayer à Issy les Moulineaux.
Malheureusement au 1er décollage, son appareil entra en collision avec
un gros biplan piloté par Clément. Si le pilote ne fut pas blessé, l'avion, lui, était irrécupérable, à l'exception du moteur.
Clément offrit alors une autre Demoiselle au pilote néophyte,qui, cette fois, se contenta de casser une roue!.
Bientôt cependant, ayant vendu son fond de commerce, Garros put participer,
à divers meetings(Cholet, Rennes, Dinard). Il fit même parie d'une équipe recrutée par John Moisant pour effectuer une tournée en Amérique.
De retour en France, il fréquenta l'école Louis Blériot à Buc. Ses qualités de pilote lui valut d'être choisi par Blériot pour être le n° 2 de son équipe,
dans la course Paris-Madrid, dont le départ fut donné à Issy-les Moulineaux.
le 21 mai 1911.
Cette course débuta de façon désastreuse : l'un des concurrents s'écrasa
sur la tribune officielle, tuant Maurice Berteaux, le ministre de la guerre.
S'étant
classé 1er à l'étape d'Angoulême,
Garros fut à son tour victime d'un accident à
22,5kms de St Sébastian et du abandonner
Le
28 mai, il prenait le départ de la course Paris-Rome-Turin,
organisée par
le petit journalet récompensée dpar un
prix de 12000
frs.
Garros et son concurrent de l'équipe Blériot,
Jean Conneau, partaient favoris. Chaque pilote avait
ses petites habitudes : Conneau, qui volait sous le
pseudonyme de lieutenant Beaumont, avait toujours les
poches pleines de morceaux de sucre.Garro, de son côté,
ne partait jamais sans emporter quelques oeufs durs.
"Les oeufs, ça me donne des ailes!",
disait'il Ce qui ne l'empêcha pas de se "crasher"
à 2 reprises : d'abord dans le delta du Rhône,
puis aux environs de Pise

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S'étant
retrouvés
à Rome, le
1er juin, Garros
et Conneau décidèrent
d'en rester là
et, sportivement,
se partagèrent
la prime promise.
C'est
encore ensemble
qu'ils participèrent
au circuit européen
(16000km), qui du
18 juin au 7 juillet,
menait les concurrents
à travers
le France, la Belgique,
les Pays-Bas, et
la Grande-Bretagne.
Garros se classa
2ème derrière
Conneau, qui arriva
en tête des
4 concurrents.
Garros
s'attaqua ensuite
au record d'altitude.
Le 4 septembre,
à bord d'un
appareil Blériot
ultra-léger,
il atteignit 3 910
m au-dessus de St
Malo (balayant le
précédant
record : 800m) et
améliora
son propre record
en 1913, en montant
à 4 112 m,
puis à 5
609m au-dessus de
Tunis.
C'est
au lendemain de
sa victoire dans
le circuit d'Anjou,
don't les épreuves
se déroulèrent
les 16 et 17 juin
1912, qu'il entra
chez Morane-Saulnier,
après avoir
offert son monoplan
à l'armée.
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Garros aux commandes de son
Morane-Saulnier, avion de raid avant
la guerre, puis chasseur.
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Le 16 décembre,
de la même
année, il
réussissait
la traversée
de la Méditerranée
entre Tunis et Trapani,
ce qui représentait
un vol de 285 km
au-dessus de la
mer.
Ce
n'était là
que le prélude
à un exploit
encore plus retentissant
: la traversée
de la Méditerranée
de la France vers
la Tunisie. Un pilote
Bague y avait déjà
laissé sa
vie. Tous ses amis
essayèrent
de dissuader Garros
de tenter ce fol
exploit, mais en vain.
Imperturbable, il préparait
méthodiquement
son vol et, le 23
septembre au matin,
décollait
de St Raphaël
à bord d'un
Morane spécialement
étudié
pour emporter 200l
d'essenc, et dont
le moteur avait
été
mis au point par
Jules Hue.
Garros
comptait sur un
léger vent
favorable pour parcourir
en 6 h 30 mn les
800 km du trajet
en ligne droite.
Etant monté
très rapidement
à 1500 m,
il aperçut
très nettement
la Corse au bout
d'un quart d'heure
de route. Après
une heure et demie
de vol, le moteur
commença
à trépider.

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Une
petite pièce
s'était brisée,
qui avait trouée
le capot. Un moment
inquiet, le pilote,
constatant que le
régime du
moteur ne baissait
pas, décida
de continuer, mais
en déviant
légèrement
sa route afin de
se rapprocher de
la terre ferme pour
parer au risque
de panne.
Celà
lui fit perdre un
temps précieux,
et Rolland Garros
se demandait, anxieux,
s'il ne devrait
pas faire escale
à Cagliari
pour se ravitailler.
Les vents ayant
tournés,
le survol de la
Sardaigne le retarda
encore, car il ne
put dépasser
125km/h.
En arrivant
sur Cagliari, l'aviateur
se perdit un moment
en conjectures sur
la capacité
de son réservoir,
essayant d'imaginer
combien il lui restait
d'essence, compte
tenu du détour
qu'il avait effectué
et des pertes par
évaporation.
Après
quelques instants
d'angoissantes supputations,
il résolut
avec panache d'être
à la hauteur
de l'exploit qu'il
tentait et de poursuivre
son chemin.
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Rolland Garros à Villacoublay en septembre
1918, après son évasion d'allemagne,alors
qu'il effectuait pour les services thecniques
les essais d'un chasseur Koolhoven.
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Pour
économiser du carburant, il monta à 2500
m en réduisant le débit au maximum. A
cette altitude, il eut à souffrir de la chaleur
et, volant au coeur d'une mer de nuages, d'un manque
presque total de visibilité. S'efforçant
à rester calme et de conserver son optimisme,
Garros décida de voler en direction du soleil,
sans même se servir de la boussole qu'il avait
emportée.
Il
s'avisa alors que son réservoir ne devait plus
guère contenir plus de 20 l de carburant et qu'il
n'en avait donc plus que pour 1 heure C'est alors qu'il
aperçut 3 bateaux, ce qui le rasséréna
: il n'était plus seul ! Et bientôt, fou
de joie, il était en vue de la terre, à
un quart d'heure de Tunis.
Craignant
néanmoins de ne pouvoir atteindre la capitale,
il fit escale à Bizerte, où il reçut
un accueil enthousiaste. L'aviateur avait parcouru 760
km en 8 heures; il lui restait 5 l d'essence dans le
réservoir de son appareil. La réception
improvisée le retarda, si bien que, quand à
la nuit noire il atterrit à Tunis (à6km
du camp), plus personne ne l'attendait. Il passa le
rte de la soirée dans un petit relais télégraphique,où
lui parvint le permier message de félicitations.
Comme
Pégoud, autre "ancien" de Blériot,
Garros se passionna également pour la voltige.
Avec Gilbert Brindejonc et Legagneux, il participa à
des vols de précision, véritables ballets
aériens organisés par Audemars. En avril
1914, au rallye aérien de Monaco, qui comportait
deux épreuves, l'une sur avion, l'autre sur hydravion,
il s'adjugea brillamment les 2 premiers prix. A la veille
de la guerre, il mit sur pied, avec Jacques Mortane,
un "groupe des aviateurs" et organisa une
grande fête, qui se tint ç JUvisy le 15
juin 1914.
Ce
meeting auquel participèrent tous les champions
français, fut l'un des plus applaudis de l'époque.
Un
mois et demi plus tard, quand éclata la 1ère
guerre mondiale, Rolland Garros se trouvait à
Vienne, à l'occasion d'une manifestation aérienne.
Bien que dispensé de service militaire, il rentra
en France pour s'engager, à la veille de la mobilisation.
Affecté à l'escadrille MS.23? commandée
par le capitaine de Vergnette, il effectua son premier
vol au front dès le 16 août et remplit
à merveille les tâches qu'on lui confia
: reconnaissance et jet de fléchettes, essentiellement.
Après
le combat livré par Joseph Frantz au mois d'octobre,
une évidence s'imposa à lui : on devait
pouvoir se battre efficacement dans les airs.

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Dès
mars 1914, Raymond Saulnier aviat essayé d'appliquer
l'idée du tir axial, ce, avec un morane
et une mitrailleuse Hotchkiss. Rolland Garros prit alors
contact avec l'inspecteur permanent de l'aéronautique,
mais c'est en vain qu'il en attendit une réponse.
Désireux de mettre au point le système
de tir à travers l'hélice pour le combat
en monoplace, il obtint à la fin du mois d'octobre
l'autorisation de retouner à l'arrière.
Lidée
de Garros reposait sur le fait que, quelle que soit
sa vitesse de rotation, l'hélice ne reste devant
un point fixe q'un temps, qui est fonction de la surface
de ses deux pales par rapport à la surface du
cercle que celle-ci décrivent. Par ailleurs,
le moteur ayantun certain régime et la mirailleuse
un certain rythme, il peut y avoir une synchronisation
entre le coup et la pale beaucoup plus féquemment
qu'on ne le croyait jusqe-là.
Garros
imagina donc des déflecteurs de balles, sortes
de coins en acier fixés sur chaque pale en face
du canon.
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L'aviateur à droite, à son arrivée en Tunisie, après avoir
traversé la Méditerranée
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Ce
dispositif, don't la paternité revient tout autant
à Rolland Garros qu'à Raymond Saulnier,
était définitivement au point à
la fin du mois de mars 1915, mais se révéla
imparfait à l'usage. En fait, la pale était
déformée par la fixation de ces cions,
qui absorbaient une puissance considérable et
qui transmettaient au vilbrequin le choc de la balle
multiplié par un bras de levier important.

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Rolland Garros à son arrivée à st Sébastian, le 26 mai 1911, après son abandon dans la course Paris-Madrid
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De
retour au front, Garros détruisit son 1er avion
le 1er avril 1915. Ayant aperçu un Albatros à
10 km des lignes ennemies et fonçant sur sa proie,
il fut bientôt pris comme lui sous le feu des
canons français. Tirant à 30 , il obligea
son adversaire à faire retraite en piquant. Il
le poursuivit obstinément pendant 10 mn et, alors
que les 2 adversaires luttaient à 1000m du sol,
l"albatros s'abattit en flammes.
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